78 p – 10,50 € – éd. la Vague verte (réédité en version bilingue aux éditions Corps Puce)
Extrait de la 4ème de couverture signée Jacques Morin :
» […] Théo, c’est le prénom de son grand-père, mort en 1916, à 33 ans. Ce long poème poignant d’un bout à l’autre, par la colère rentrée, le ton grinçant, l’ironie enchâssée de tendresse, fait comme un pont de chair entre le début et la fin du siècle, entre Théo et Jean-Louis, et Jean-Louis et son fils François. Jean-Louis va en quête du grand-père inconnu : un médaillon retrouvé parmi 60 cartons comme par un archéologue, une photo, quelques papiers officiels, une lettre ou deux, un souvenir en redite, une tombe anonyme. […] »
Quelques extraits de ce livre, en effet, fort émouvant :
Mon petit Théo…
Je peux t’appeler comme ça, je suis plus vieux
que toi maintenant… On m’a dit que tu étais
fort, très fort ? Il y a un souvenir qui date d’une
fin de moisson. Tu avais, de joie, lancé ta soeur
bien en hauteur ! Et tu l’as récupérais dans tes bras, et
tu la relançais et on riait, on s’interpellait.
Et dans les champs, ça devait en crier des Théo,
Théo et puis ces deux syllabes de ton nom, qui
m’est revenu et qui a, je vous l’apprends et vous
en assure, l’odeur du blé fauché sous le soleil.
Un autre extrait :
14. Ce nombre m’est devenu une obsession,
suivi de 18. L’autre jour, je demandais
l’heure, vous savez, sur ces montres à quartz
où l’on ne vous dit plus le quart, vingt,
mais la minute pile. Et je vous assure, ma
main a un peu tremblé quand j’ai entendu
l’heure exacte de ce début d’après-midi. 14h18.
Et puis une autre fois encore, tenez-vous,
vous allez rire, je jouais au ping-pong avec François :
14-18…
Ah, il y en a qui sourient, vous voyez bien,
je suis malade. Moi ce n’est pas la madeleine
dans une tasse de thé, ce sont des nombres
prononcés à voix haute que je ne peux plus,
ne peux plus…
Si seulement tous les mathématiciens du monde
acceptaient de les bannir.