Tous ces visages au creux des paumes

15 € – 46 p – éd. La Lune bleue / Trouées poétiques

Anthologie initiée et dirigée par Lydia Padellec

Emmanuel Favier – Etienne Paulin – Louis Bertholom – Albertine Benedetto – Gabrielle Althen – Bruno Geneste – Danièle Duteil – Philippe Mathy – Maximine – Jacqueline Saint-Jean – Georges Cathalo – Hervé Martin – Flora Delalande – Valérie Canat de Chizy – Dimitri Porcu – Marie-Anne Bruch – Christophe Jubien – Anne-Cécile Causse – Yekta – Eva-Maria Berg – Denise Desautels – Judith Chavanne – Cécile A.Holdban – Claudine Bertrand – Diane Régimbald – Deniz Dagdelen Düzgün – Nora Atalla – Samentha Barendson – Jean-Albert Guénégan – Philippe Cloes – Roland Nadaus – Marie-Josée Christien – Jean-Claude Touzeil – Chantal Couliou – Mari Urbanet – Morgan Riet – Colette Nys-Mazure – Maïa Brami – Arnaud Bourven – Françoise Lonquety

Extraits :



le changement d'heure
fait venir la nuit
le soir tombe d'un coup
en fin de journée
novembre invite
à ralentir
tout ce monde
dans la ville
retour à soi
retour en soi
dans la douceur
du foyer
le chat laisse
son empreinte
module l'espace
sa fourrure vibre
de tant de douceur

Valérie Canat de Chizy


les heures
sans lumière
cherchent
le souvenir
en couleur
qui repeint
les images
en noir et blanc

Eva-Maria Berg



La porte d'entrée, les murs,
les fenêtres, la cheminée
ne sont chez moi
en rien une frontière.
ont franchi le seuil
des hommes d'église
des incroyants, le père Noël
le cavalier seul de l'enfance,
les amis plus d'hier
que d'aujourd'hui,
les pigeons voyageurs
déposant dans l'assiette
peu ou beaucoup de leur âme
en partance vers d'autres cieux.
Chez moi vient qui veut
poète ou pas, voisin
ou marcheur sans adresse
avaleur de kilomètres.
Restent au-dehors
le dédain, le mal et la bêtise.

Jean-Albert Guénégan
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Toi, moi, miroir, etc.

72 p – photo de couverture : Cédric Cahu, Vers le bout du monde Christophe Chomant éditeur (vous pouvez également le commander en passant directement par moi : morganriet@orange.fr)

Un extrait :


Autre méthode d’ouverture

Ouvrir
le dictionnaire
et fixer de nouveau
le mot “miroir”
droit dans les lettres.
Après quoi, en poursuivre,
selon son inclinaison, les reflets
plus ou moins nets
qui nous viennent sous les doigts.
Et de la sorte dériver, dériver –
l’esprit radeau-
tant et plus,
plongé dans la brume
épaisse du volume en main –
et tout cela,
en espérant qu’au moins
l’un de ces poissons d’encre,
qui y dansent
en tous sens,
voudra bien se laisser surprendre

au-delà de ce jeu.

(p43)

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Maxime Sacchetto

7 euros – 54 p – éd. Gros Textes

         Extraits :



la brume bouffe lentement
les derniers bouts de l'horizon
au bar
seules les lumières foudroyantes
des clopes et des guirlandes
parviennent dans la pluie
battante
à donner de la chaleur
à nos coeurs


*


selon les conditions imposées par le soleil
toutes les mauvaises choses ont une fin
toute civilisation s'effondre
toujours les nuages
se tirent bien loin
dévoilant le bleu derrière
comme j'ai pu le constater
il y a deux minutes
lorsque j'ai ouvert le store
et que j'ai dû bien plisser
les paupières
pour voir qui me saluait
joviale
la voisine
sortant le verre
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Jean-Louis Massot

Non paginé – 10 € – éd. du Petit Flou

Extraits :


Un jour l'arbre est tombé
La vieillesse ou le vent
Nul n'a pu le dire
Les racines à nu arrachées
Cassées les branches
Du bois pour l'hiver
Des cendres à venir
Des jadis d'ombre les jours d'été

*

Le soir on voudrait que s'enlisent
Les mauvais souvenirs d'enfance
Que la nostalgie ne soit plus
Une tendre blessure tronquée
Il est des nuits blanches
Si sèches avant le jour

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Portulan bleu n°42

72 p – 10 € – éd. Voix Tissées

      Extraits :




Fragments

La pendule s'arrête.

Coule la rivière,

Un visage apparaît sur la surface de l'eau.

Un chien aboie au loin sur la rive,

Il me rappelle à la réalité.

Des oiseaux migrateurs passent,

Mon rêve s'envole.


Lielie Sellier



Snowdrops


Le souvenir de nos étreintes sauvages et fières
appartiennent au passé.
Une fois tu m'as embrassé sur le front sans rien dire
juste avant de partir doucement sur la neige.
Alors nous fûmes entourés d'une tendresse
si blanche, si merveilleuse, et si pleine de larmes.

C'est de loin le plus grand des bonheurs
de vivre ces matins tout de blancheur,
de pouvoir toucher avec des doigts fiévreux
le visage de l'être aimé, et de retenir
le goût de la vie sur nos lèvres.
La joie de vivre anime à nouveau mon coeur
comme les envols d'oiseaux migrateurs.
Je me voudrais éclatée telle une fleur bleue
dans le tintement des gouttes de rosée.


Katri Vala (1901-1944)- poète finlandaise - traduction de Pierre Mironer

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Ecrit(s) du Nord

128 p – 15 € – éd. Henry

Au sommaire de ce n° :

Poèmes : Sabine Alicic – Giovanni Andelini – Catherine Branquart – Anne-Marie Bruch – Valentina Casadei – Arlette Chaumorcel – François Déron – Pierre de La Fontaine – Mary Dellacherie – Florence Dreux – Christine Duminy-Sauzeau – Valérie Durif – Jean Gelbseiden – Thierry Jouet – Kiko – Véronique Lagarde – Christophe Lévis – Pierre Maubé – Patricia Nolan – Victor Ozbolt – Béatrice Pailler – Manuela Parra – Henri Perrier-Gustin – Nadine Pichat – Bernard Plouzennec – Pierre Gondran dit Remoux – Olivier Riboton – Morgan Riet – Véronique Saint-Aubin-Elfakir – Jeanne Sétian – Anderson Sobze – Odile Steffan-Guillaume – Line Szöllösi – Jacques Vincent – Paul-Henry Vincent – Bernard Waeber – Reha Yünlüel

Proses, récits, nouvelles : Claire Boitel – Jean-Claude Martin – Cécile Prost-Romand

Quelques extraits :



Incarné (extraits)

Cette impatiente faim
au coeur de chaque mot,
au creux de chaque geste,

et l'assouvissement
toujours désenchanté.

***

Ce qui te tient lieu de courage,
ce que tu nommes volonté,
erre en pays d'enfance disparue,

parmi les arbres morts,
les rêves desséchés.

***

Tu feuillettes les anthologies,
tu découvres, tu reconnais
quelques échos d'avant mémoire,

mots de rencontre vague,
hasardeuses fraternités.

Pierre Maubé



Le silex

Le silex rêve sous les étoiles, se remémorant
le temps où il était falaise qui se défaisait
quand le vent le travaillait avec le gel
et que ses aspirations se transformaient
en outils dans la grande sculpture du monde

il fut le feu parfois, s'échappant de sa forme
de caillou à courir les chemins
se délitant aux clairières et aux plages
jusqu'à l'humble grain de sable qui n'ose réclamer

et lorsque la nuit ne le regarde pas
le silex se replie sur lui-même
se suffit en ses pensées

et garde ce qu'il sait sur l'avenir.

Line Szöllösi




Hiver

Quelqu'un salue d'un signe de la main
le seul passant sur le trottoir d'en face,
puis vite chacun poursuit son chemin
par les rues mouillées maintenant désertes,
le crépuscule tire les volets,
la nuit avalera bientôt la ville.
Dans les logis dont les murs se referment
on se penche sur la lampe allumée
pour recoudre un bouton de chemisier
ou tourner les pages d'un quotidien.

Affût

Je me méfie des gens qui manifestent
trop ostensiblement leur bonheur d'être.
Noyée dans le brouhaha qui régnait,
seule phrase qui me soit parvenue
de la conversation que j'écoutais
en faisant semblant de lire un journal.
Il m'était impossible de voir la
personne qui l'avait prononcée mais
j'inscrivis la phrase dans mon carnet.
Ces deux décasyllabes, un vrai trophée !

Jacques Vincent

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Cairns n°34





Cairns n°34 – 62 p – 10 € (abonnement pour 2 n° : 15 €)*

– Edito-poème de Patrick Joquel



– Textes de : Claire Kalfon – Paul Bergèse - Béatrice Libert – Georges Cathalo – Valérie Canat de Chizy – Marilyse Leroux Sovimanga – Anne Roy– – Flora Delalande – Morgan Riet – Chantal Godé-Victor – Patrick Aveline – Jacqueline Saint-Jean – Alain Freixe - Jean-Luc Catoir – Christophe Jubien – Christophe Pineau-Thierry – Chantal Couliou - Victor Ozbolt – Antoine Géniaut – Françoise Coulmin - Elizabeth Guyon Spennato - Anne Barbusse -Colette Andriot – Catherine Lyraud Betoule - Gilles Lades - Jean-Michel Delambre - Cécile Bellamy Bajard



– Rubrique Pour une bibliothèque idéale – note de lecture de Patrick Joquel à propos des livres suivants :



Abécédaire Amoureux Animalier de Yves Barré (éd.Rougier) - Le Samouraï et les 3 brigands de Pascal Fauliot - illustrations : Marc Ingrand (éd. Cipango) - Nice the place to be - anthologie du collectif Photon (éd. Pourquoi viens-tu si tard) - A l'intérieur de moi de Anne Bonin - images : Valérie Linder (éd. L'Ail des ours) - Ou bien de Antoine Géniaut - images : Juliette Iturralde (éd. L'Initiale) - A moitié endormie de Antoine Géniaut - images : David Clèves (éd. L'Initiale)- Aire d'accueil des gens du voyage de Balval Ekel (éd. Tarmac) - Juste vivre de Luc Marsal - encres : Nour Cadour (éd. Donner à Voir)- Noms propres au singulier de Georges Cathalo (éd. Gros Textes) - Chapitreries de Béatrice Libert - illustrations : Evelyne Bouvier (éd. Voix tissées) - Par les chemins sublimes de Adeline Baldacchino - images : Valérie Linder (éd. L'Ail des ours)- Maisons-poèmes de Jacqueline Persini - illustrations : Luce Guilbaud (éd. L'Atelier des Noyers) - Félix adore les pelleteuses de Gilles Stassart (éd. L'Atelier des Noyers) - Ici l'horizon de Clément Bollenot - aquarelles : Dominique Brisson (éd.le chat polaire)





Extrait:

tu franchis le guichet et t'accueillent les affiches
les grandes affiches pleines d'histoires et d'images
tu gravis les escaliers tu entres
en salle obscure en salle toute noire n'étaient
quelques lumières dans les coins
tu choisis un fauteuil de velours rouge un fauteuil
qui t'embarque déjà ailleurs qui te dépossède de
toute la vie trop vraie qui t'abstrait du réel lourd

et puis les dernières lumières s'éteignent
le rideau devant l'écran est tiré par des gens invisibles
de grandes lueurs mouvantes envahissent l'écran
de grandes images plus haute que la vie vraie (paysage ou visage)
une musique te tombe dessus ou un silence ou des mots
c'est tout comme
c'est plus grand que la vie vraie
tu es parti tu es embraqué ça te prend à l'envers de la vie vraie

l'hypnose sort ses mains de sirènes

la grâce tombe sur toi
la beauté la légèreté l'art et le monde
tu es autre la vie est autre la vie s'ordonne
la vie est image dans toute nuit factice
elle s'envole avec les travellings et les jump cut les
panoramiques et l'espoir
même la laideur devient oiseau

les images pacifient les douleurs
dans la caverne dans le ventre avec toutes les histoires
le monde est une magie en technicolor

tu es entré en cinéma

                   Anne Barbusse




*Cairns est édité par les éditions de la Pointe Sarène ( 5 traverse de l’orée du bois – 06370 Mouans-Sartoux) et les éditions associatives Gros Textes (Fonfourane – 05380 Châteauroux les Alpes)






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Jean-Christophe Belleveaux

92 p – 11 € – éd. Faï Fioc

Extrait :


Madame Butterfly - Puccini + Côtes du Rhône Villages


 on peut - éternellement? - contempler les flamboiements du soir (le ciel après l'orage, le chant d'un ténor en dialogue avec les oiseaux du dehors, la beauté qui met, avec le vin, des larmes dans les yeux)

 il faudrait alors que l'âme s'envolât haut et loin (quand arrive la voix soprano) et surtout que le corps suivît l'âme

 comme par mégarde

 le goût persistant d'un vin trop terrestre et râpeux seul resterait pour arrimer encore à la densité de la chair

 la nuit se fait, le chant se déroule, l'adéquation se construit à mesure, impossible à préciser par le trait de l'encre

 la vague bat le rocher, là où je ne suis pas - or, j'aime ce moment qui existe sans moi et que survolent les grands oiseaux


               in 9 poèmes à lire dans les collines

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Hors-champ








Nous rentrions* 
et soudain, au creux de la descente,
tu t’es arrêtée,
puis tu m’as dit :
« Regarde ! On dirait un corps! »
(Toi, comme souvent, plus curieuse,
plus attentive aux choses,
à tout cela que moi, par trop, peut-être,
embourbé dans mon « monde »,
j’aurais tendance
à négliger, à oublier de voir…)
Il y avait, en effet, dans un coin,
un arbre bien étrange,
un arbre décharné
avec comme enchevêtré dans son tronc,
comme absorbé même par lui,
la forme d’un corps gracile,
courbé, rejeté en arrière,
qui aurait pu être celui
d’une jeune fille, d’une nymphe
ou d’une fée
prisonnière de je ne sais quel sortilège…


Hors-champ,
dessous le ciel
qui s’obscurcissait pas à pas,
la mer, en contrebas,
tout à ses vagues,
ne semblait ne vouloir répondre
qu’à ses propres légendes.



*Sur le chemin côtier reliant Port-en-Bessin à Sainte-Honorine-des-Pertes

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Antienne

Tous les week-ends
Monsieur D rendait visite à sa femme.
Et quasi chaque fois
il apportait, offrait à l’équipe
une boîte de pâtes de fruits.
C’était ici
sa façon, l’air de rien –
gentille entière antienne –
de nous remercier ;
et puis c’est là
dorénavant la mienne
d’aller au-devant de ce qu’il
donnait à voir et à entendre
de son amour pour elle,
de ce que laissait souvent
transparaître son visage,
en dépit des sourires,
de ce qui pouvait se lire
dans le tremblé de sa voix
et de sa vieille main
qui venait parfois,
à l’heure du départ,
serrer la mienne
de toutes les forces de son regard.
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